Prunille ferma les yeux. Il faut dire qu'aussi insupportable qu'il puisse être, il était confortable. Prune aimait bien leur câlin, ils étaient... Juste biens. Surtout quand il prenait son air protecteur comme maintenant, celui qui mettait Prune mal à l'aise, mais qu'elle aimait. Parfois même plus que le vrai Paul.
"J'ai dit que je voulais un joli cœur..."
Elle laissa passer un blanc, avant de reprendre la parole :
"C'était qui ta première fois à toi ?"

Prunille pouffa.
"Et à l'époque ?"
Non parce qu'elle avait du mal a concevoir l'amour avec une personne qu'on aime pas... Surtout la première fois. Mais parait que c'est juste parce qu'elle est une fille, et que les mecs font ça normalement. Aussi couramment qu'ils font la bise. Elle avait du mal a s'imaginer Paul respecter ce genre de principe... Surtout si la fille d'en face lui avait mis sa poitrine sous le nez. Mais elle n'allait pas lui demander, bien que la curiosité ne manquait pas... C'était sans doute un peu trop personnel.

"Non plus."
"Ah", fut ce que Prunille aurait voulu répondre, mais... Le silence était mieux adapté à la situation. Il avait l'air... Déçu ? Vexé ? Elle n'aurait su dire, mais il venait de se fermer totalement. Et de la lâcher. Elle refoula une grimace, et le laissa dans ses pensées nostalgiques... Il était peut-être encore amoureux de Jeanne. Elle était pas moche non plus, du peu qu'elle avait vu.
"Ca te dit d'aller danser sous la pluie ?"
Prune sursauta légèrement, tirée de ses pensées et regarda à nouveau dehors. Le ciel était bas, les nuages menaçants mais elle n'aurait su dire s'il pleuvait encore ou pas. Elle jeta un regard méfiant à Paul, cherchant la petite bête. Ses sourcils se froncèrent en apercevant son mauvais sourire... Il allait la balancer dans la boue ?
"Tout dépend de ce que tu entends par danser", finit-elle par lâcher en sortant de leur pseudo-cabane.

"Hum. Et bien, comme dans ses films romantiques moldus idiots : tourner sur soi-même, le visage en l'air pour se faire mouiller. Et ceux, jusqu'à ne plus avoir de forces, et tomber par terre mort de rire, et y rester jusqu'à ce qu'on attrape le pneumonie et qu'on meurt."
Trop fun. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle éclata de rire en s'avançant vers la pluie avant de s'y faire entraîner de force par Paul. Pas la meilleure manière de calmer ses rires, mais il fallait dire que la possible éventualité qu'elle se mette à danser sous la pluie avec Paul la mettait dans un état second. Rien que de se tenir par la main avec cette idée en tête était quelque chose de ridiculement bon.
Ses cheveux lui collaient déjà au visage, et Prune se mit à fredonner le refrain de Singing In the Rain. 
Bon, en faite maintenant elle comptait sur Paul pour mener son délire jusqu'au bout, parce que la danse et elle faisaient deux. Enfin, elle savait valser, avait quelques notions de tango aussi, mais c'était les bases apprises au collège, parce qu'être maniérée c'est savoir se comporter en soirée. Mais pas les soirées d'adolescent organisées pour fêter une quelconque victoire de Quiddich, non. C'était les grands bals, dans lesquels on était obligé de savoir danser de manière convenable. Alors non, Prunille ne savait pas danser et se contentait pour le moment de sourire bêtement aux nuages.

Finalement, elle sent ses deux mains prisonnières de celles de Paul et baisse la tête pour le regarder. Enfin, baisse la tête, elle passe du ciel à ses yeux quoi. Toujours en position favorable pour attraper un torticolis.
"Je suis désolé d'avoir des idées de merde, en fait." 
Prune se joint à son rire, à nouveau. Et elle se laisse entraîner... Dans une valse. Finalement, elle n'était pas la seule à être nulle en danse, ça la rassurait.
"J'avoue qu'elle était particulièrement merdique celle-là, sourit-elle en passant une de ses mains sur son épaule, laissant les "un deux trois" entraînant de la valse envahir son esprit, sans pour autant y accorder ses gestes.
Il n'empêche qu'elle commençait à avoir froid sous la pluie, parce que l'eau qui tombe elle était froide. En plus, il y a avait un petit vent qui venait lui frotter le visage et les jambes, sans parler de sa robe qui ressemblait maintenant à une éponge et qui lui collait la peau. Mais pourtant Prunille gardait le sourire, malgré quelques frissons, parce que danser une valse sans rythme avec Paul sous la pluie c'était juste... Enorme.

Après quelque minute de danse informe et sans intérêt, Prunille se retrouve collée à l'uniforme mouillé de Paul. Encore, et cette fois-ci, elle n'avait rien demandé. Il la lâche assez rapidemment. Ce câlin avait sans doute pour but de se réchauffer mutuellement, mais vu l'état actuel de leurs uniformes, c'était un peu inutile...
"On rentre au château et on s'pécho un chocolat chaud ?"
Prunille acquiesce, sans retenir ses grelottements, enchantée par cette idée. Un chocolat chaud, l'extase à ce niveau. Il fallait juste qu'ils soient discrets, parce qu'en tout cas pour elle, elle était censée être en cours. Quoiqu'allez savoir depuis combien de temps elle traînait ici avec Paul.
Elle se frotta les yeux, dans l'espoir d'y enlever quelques gouttes et attrapant la main de son ami (on sait jamais, il pourrait se perdre), elle s'avança vers l'école, des vêtements secs et la boisson chaude qui leur tendaient les bras.