Adossée contre un mur instable, Prunille baisse la tête pour cacher son sourire quand Paul se retourne vers elle. Elle se veut froide, parce que la cigarette, c'est mauvais et quitte à choisir, elle aimerait ne pas avoir à célébrer la mort de son ami due à cette saloperie, ni à le soigner d'ailleurs.
« J'imagine », la provoque-t-il.
Ce qui ne l'empêche pas de finir son en-cas avant de lui ouvrir les bras. Elle avait déjà mené ce combat des dizaines de fois, cela remontait à leur première rencontre il y a des années. Elle savait parfaitement que Paul était une cause perdue, raison pour laquelle elle partit enfouir son nez dans l'épaule de son meilleur ami sans demander son reste.
Les paupières fermées, Prunille prit une grande inspiration qui la fit grimacer. L'odeur de la cigarette venait empiéter sur le parfum de Paul dont elle voulait pourtant s'imprégner.
« En plus, ça pue. » lâche-t-elle dans une toux.

« Je sais, je sais, rit-il. Il me semble quand même que tu devrais avoir l'habitude, avec le temps. »
Peut-être bien, mais ce n’est pas pour autant qu’elle apprécie. Néanmoins, elle laisse couler, comme elle a prit l’habitude de le faire et laisse Paul la porter et la poser sur le rebord de la fenêtre. Prunille fronce les sourcils, pas rassurée quant à l’équilibre de son nouveau siège.
Elle regarde les yeux foncés de son ami, à présent à hauteur des siens. Paul est un géant, il fait plus d’une tête de plus qu’elle. Disons que cela joue aussi sur le fait que Prune est plutôt petite pour son âge, mais malgré les nombreuses preuves qui s’offrent à elle chaque jour, elle ne s’y est jamais résolue. Paul est trop grand, et elle est obligée de monter sur une fenêtre pour égaler sa taille, mais elle n’est pas une naine.
« Alors, quoi de neuf, mon lapin ? On a encore séché le cours d'histoire ? »
Mon lapin, cela fit sourire la blonde. Elle n’avait jamais été friande de surnom, seule sa sœur l’appelait mon canard à l’époque où elle était encore une enfant, mais Paul faisait exception. Ses surnoms ne la gênaient pas. Paul était une exception à presque tout façon.
« En quoi ça peut me sauver la vie de savoir en quelle année Jeanne d’Arc a été brûlée ? » demanda-t-elle sarcastiquement, s’agrippant aux épaules du brun, soucieuse de rester en place.
« Mais oui, c’est l’idée, soupire-t-elle. J’ai voulu aller en Botanique tout à l’heure, mais je suis tombée en plein contrôle. Evidemment, comme ça fait plus de deux semaines que j’ai pas vu le troll… »

« Et bien, si tu tombes sur un méchant cultivé qui voit que tu es cultivée, soit il te brûle comme elle, soit il te laisse partir. Et aussi, pour éduquer tes enfants et les faire souffrir comme tu as souffert avec des dates inutiles. »
Prune hausse un sourcil, pas surprise pour un sou de cette réponse pourtant saugrenue. Ca faisait parti de leur étrange quotidien les phrases sans queue ni tête.
« Les méchants ne sont jamais cultivés, rétorqua-t-elle. Seraient pas méchants sinon. Être un géni ne signifie pas avoir une connaissance infinie. »
Parce qu’en revanche, les méchants sont des géni. Il ne faut pas se leurrer, dotés d’une intelligence suprême et d’une ambition à couper le souffle… Tous ceux qu’elle a pris la peine d’étudier l’avaient fascinée. Mais ils n’ont pas un pet de culture, sinon ils auraient deviné (avec leur cerveau savant) que leurs tentatives de conquérir le monde se solderait par échec, comme celles de leurs prédécesseurs.
« Et puis façon, j’aurais pas d’enfant, conclut-elle. »
« Tu n'as toujours pas développer de talents en télépathie pour copier sur tes camarades ? »
Prunille lève les yeux au ciel, un sourire en coin sur les lèvres. En avait-elle seulement un don télépathique ?
« Ahah, si seulement... »

« J'espère bien que tu auras des enfants ! Les miens vont pas se rebeller seuls, naméoh.  »
Prunille laissa échapper un rire à cette remarque
« Bah, ils auront un père pour leur en apprendre les ficelles… Quoique… Non. Ils seraient mal barrés avec toi. Disons qu’ils auront une super marraine. »
« Une super mère », ça avait faillit lui échapper. Comme si un jour ils pourraient avoir des enfants ensemble. Ahah… Ah ? Ils ne sortaient même pas ensemble.
« Façon, je refuse de lâcher mes bébés dans la cage pourrie qui nous sert de société. Hors de question. »
Ce serait du suicide, autant pour elle que pour eux.
« Dommage pour toi, tu vas encore avoir une sale note... Sauf si on jette un sortilège de confusion au professeur, et qu'on change ta note. »
Prune fronça les sourcils, plissant les yeux alors qu’un sourire narquois se dessinait sur ses lèvres. En voilà une bonne idée, au pire elle était déjà collée et Beauxbâtons tenait trop à sa réputation pour renvoyer la jeune Dawson. Sa sœur avait une renommée maintenant…
« Tu sais que t’es pas si con finalement ? »
Sauf qu’en y réfléchissant, il n’y avait aucun intérêt à faire ceci. Sa moyenne resterait catastrophique (avait-elle une moyenne ?) et voilà. Mais bon, ça leur vaudrait une dose d’adrénaline une crise de fou-rire et une histoire à raconter aux enfants de Paul.
D’ailleurs, depuis quand voulait-il des enfants lui ?!

« Tu m'offenses, Prune. Une super marraine... Genre Andrew ? Les pauvres. »
Prunille ne se retient pas et explose de rire, sans pour autant prendre la peine de répondre. Andew en mode marraine la bonne fée, il fallait avouer que c’était une vision valant de l’or !
« C'est maintenant que tu t'en rends compte ? Toi le physique, moi l'intelligence, mon lapin ! »
La blonde essuie ses yeux, qui commençaient à s’humidifier sous l’hilarité et s’agrippe à Paul. Se balancer alors que l’on est sur du bois pas solide, c’était pas une très bonne idée.
Paul avait toujours eu une arrogance et un égo au moins trois fois plus gros que lui. Au début c’était agaçant, mais à force on fini par avoir du mal à aimer Paul sans sa suffisance.
« Moi le physique hm ? » sourit Prune, désireuse de le taquiner sur cette dernière remarque sachant pourtant pertinemment que ça allait lui retomber dessus.
Finalement, sentant le bois craquer sous ses mouvements devenus trop brusques pour la cabane délabrée, la jeune fille prit les devants et descendit de la fenêtre, retrouvant sa taille de naine.

Prunille laisse Paul la passer sous rayon X, cachant sa gêne et refoulant une éventuelle surchauffe au niveau du visage, après tout, c’est elle qui l’avait cherché.
« Et bien, ce n'est peut-être pas flagrant là, commence-t-il, mais t'es pas laide pour 15 ans. La puberté te fera femme. »
Prunille cligne des yeux, assez surprise pas cette réponse. Aucun sarcasme juste… Elle s’attendait à quelque chose du genre « Bah fallait bien t’attribuer quelque chose », ou encore « Non, oui, c’est vrai ta raison je devrais arrêter la clope, ça me fait dire des conneries. » ou quelque chose qui lui aurait permis de lui donner une légère tape sur l’épaule pour lui faire comprendre qu’elle s'était vexée et il lui aurait fait un câlin mais… Mais le « T’es pas laide » l’a totalement scotché. Parce que « T’es pas laide », ça voulait un peu dire « T’es jolie », et de la bouche de Paul, ça sonnait vraiment comme un compliment parce que Paul était bien trop fier pour lui dire directement… Non ?
« C'est obligé, t'es chez les Vénus. Il doit bien y avoir une raison à ça. Pas vrai ? »
Reprenant ses esprits et espérant avoir réussis à cacher sa surprise au brun, Prunille hoche doucement la tête en balbutiant :
« Hum, oui, sans doute… »
Paul la fit ensuite tourner sur elle-même, augmentant sa perplexité.
A vrai dire, Prunille exagère. Il arrivait bien souvent à Paul de lui faire ce genre de remarque, d’être plus doux et gentil, mais cela troublait toujours autant la blonde. En trois ans elle n’avait jamais réussis à se faire à ce garçon plus tendre que d’habitude qui apparaissait de temps en temps, trop habituée à faire face à sa superficielle couche d’arrogance. 
Sans doute ne voulait-elle tout simplement pas se souvenir de ces moments trop ambigus, car ils la poussaient à se poser trop de questions... Mais il fallait bien qu'elle s'avoue que ce n'était pas si désagréable.
« En revanche, cet uniforme est pas terrible. J'ai cru entendre qu'ils changent l'année prochaine... Je ne sais pas si je dois être excité ou effrayé par cette nouvelle. »
« J’espère bien, répondit Prunille sans lâcher la main du garçon. Façon, on fera difficilement pire que ceux-là… Dans les deux genres, ajouta-t-elle en détaillant celui de Paul qui ne le mettait pas vraiment non plus en valeur. Remarque que le but de la directrice est de cacher le plus de peau possible hein. Tu savais qu’une épaule nue pouvait être considérée comme de l’exhibitionnisme d’après elle ? »

Prune sent Paul lui lâcher la main et elle le regarde s’approcher. Au début, elle se prépare pour aller se blottir contre lui, croyant à un câlin, mais il n’ouvrit pas les bras pour lui permettre de se coller à lui et ses deux mains viennent se poser… Sur le haut de sa poitrine. Les yeux de la jeune fille s’écarquillent, et elle sent le sang quitter son visage quand il commence à lui déboutonner sa blouse. Euh, pause, depuis quand il se permettait de la déshabiller ? Woh, woh, un bouton, deux boutons… Elle fixe ses mains faire et un soulagement s’empare d’elle quand il s’arrête enfin… Zut, elle a oublié de respirer. Sa manche droite glisse sur son épaule, à présent dévoilée aux yeux de tous et Paul s’écrie :
« Exhibitionniste ! »
Alors Prunille explose de rire. Soulagée, bon évidemment Paul ne lui aurait jamais fait de mal, ni rien. Elle le savait. Mais il faut dire que c’était une expérience bien troublante pour la jeune fille…
« Non mais sérieusement Paul. Limite je me fais virer pour ça, sourit-elle en remettant sa manche en place, et en reboutonnant elle-même son chemisier. C’est genre, limite moyen-âgeux finalement. Un bout de peau découvert, on a affaire à une catin. Pas de sexe avant le mariage et tout, et tout. Rappelle moi quel âge elle a la dirlo ? »

« Mais non, je te protégerais. » 
Elle a sourit, le genre de sourire tendre et idiot  qu'elle détestait pourtant avoir. Elle paraissait si niaise, mais il fallait dire que sa remarque n'était pas mieux. La protéger de quoi au juste ? De leur peau de vache de directrice ? C'était amusant de l'imaginer se dresser entre elle et leurs professeurs pour ne pas qu'elle se fasse virer.
« 30 ans. Mais elle est vierge. Prude, mais perverse. Le mélange pas net. Ou alors, elle vient du treizième siècle, et qu'elle était pote avec Jeanne ! »
Elle rit. Cela ne cesserait donc pas ? Un sourire, un rire, de la joie... Elle pourrait presque dire que du bonheur ! Mais il fallait avouer qu'il n'avait pas tord. Cette bonne femme était tout sauf nette dans ses rapports sexuels.
« Vierge à trente ans ? Aw la pauvre ! »
Pas que Prune ne l'était plus, son corps était tout ce qu'il y avait de plus chaste, mais appuyons bien sur le fait qu'elle n'ai que quinze ans. Néanmoins elle ne cachait pas espérer que dans quinze autres années, sa virginité serait chose classée ! Si jeune et déjà si vieille fille...
« L'abstinence va avec les bonnes manières ? » lui demanda Paul.
« En quelque sorte... Enfin, je suppose que les bonnes manières font paire avec les sept vertues, étant donné que la chasteté en fait partie... J'aimerais te dire que l'on est pas censé aller jusqu'à l'abstinence la plus totale, mais j'en sais rien.  Façon, qui ressortira de Beauxbâton avec sa petite fleur mh ? La moitié du collège ne l'a déjà plus j'suis sure. »

"Eh bien... Il y aura toi, déjà"
Ah ben la voilà la vacherie. Ca l'etonnait bien. Elle l'avait vu son regard, la détaillant... Mais elle n'aurait pas pensé qu'il oserait lui dire. Même si après coup, c'était évident.
Il n'empêche qu'elle était piquée. La pensait-il trop coincée pour d'autoriser une partie de jambe en l'air ?
Vexée, elle lui répondit donc un air à la fois boudeuse et moqueuse :"Mais qu'est-ce qui te fait croire ça ?! Si ça trouve c'est déjà fait, t'en sais rien."
Ahah, grosse blague évidemment. Il le saurait, sans doute serait-il même un des premiers avertis de ses expériences sexuelles, mais il venait de la provoquer. A croire qu'ils passaient leur temps à cela, jouer.

"Pourquoi tu ris ? s'offusqua-t-elle. Tu me crois pas ?"
Et puis elle le regarda sortir ses doigts, et se prépara a recevoir tout ce qui sortait de l'esprit tordu de son ami. A savoir rien de bon.
"Petit un, tu rougis."
Effectivement, elle piquait un fard. C'était l'effet de parler de sexe et en plus de mentir à Paul. Paul était un détecteur de mensonge avec elle, c'en était frustrant ! Mais pour la forme, elle s'écria quand même le contraire, même s'il n'y fit pas attention et continua son énumération.
"Petit deux. On me l'aurait dit, toi ou la personne.
Petit trois... Tu n'es pas encore passée dans mon lit. Et je suis l'amour de ta vie. Je viens de le décider. Donc. Petit quatre, tu es aussi vierge que la reine de Beaubâtons"
Ses joues brûlaient et sa bouche, d'abord entre-ouverte affichait maintenant un joli "o". Ah, comme ça elle était censée être folle de lui ? Un autre jour peut-être, elle en aurait plaisanter, mais après l'épisode du déboutonnage de blouse pas autorisé, elle ne s'en sentait pas capable. Voila pourquoi elle essayait de bafouiller ses pensées à ce crétin et son sourire hautain.
"N'importe quoi. finit-elle par articuler, je passerais jamais dans ton lit !"

Prune le regarda rire tout seul de sa blague pas drôle. "Nous", il y a pas et il y aura jamais.
"Je plaisantais. Reste vierge jusqu'au mariage, c'est honorable."
Il lui ouvrit les bras, alors qu'elle était encore vexée. Elle le toisa, avant de céder. Encore. Une fois contre lui et blottie, elle soupira contre son oreille :
"Je ne me priverai pas des plaisirs de la chair jusqu'à ce que l'on me passe la bague au doigt Paul. J'ai quinze ans, et j'espère bien trouver un joli cœur à aimer pour essayer avant ma sortie de l'école."